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L’APPEL DES VALLEES
La dévalade
La dévalade

Gustave Burnol dans « les burons perdus » a décrit il y a plus de 60 ans la vie dans les burons sur le versant ouest des Monts du Cantal. Son récit se termine par la fin de l’estivade, quand les hommes comptent les jours au buron et les troupeaux sentent l’appel des vallée. Extraits.

…« Dans la montagne, en septembre, c’est encore l’été. ..Les burons tiédissent au vent du sud. Les troupeaux gagnent les cîumes claires et les fourmes achèvent de mûrir dans les caves pleines. Moment unique. Toute la vie des buronniers est suspendue au maintien du beau temps. Chaque jour de soleil est un jour de plus à rester en montagne et fait reculer d’autant la fin de l’estivade.

Mais aux premières pluies de l’automne, la montagne refroidit, l’herbe jaunit et fond, les gentianes pourissent qur leurs tiges, les mûres tombes de ronciers. Les fleurs de l’été aux couleurs rutilantes ne sont plus qu’une pincée de poudre grise emportée dans le ruissellement des eaux.

A chaque traite « le lait tombe » et baisse dans les gerles. Les buronniers et les troupeaux se tournent alors vers l’appel des vallées. Les bêtes brament dans les fumades. Affairés, sur le point de sortir de leur solitude, les hommes supputent le temps et comptent les jours. Les bergers chantent le vieux refrain de la descente : « Donnez-nous de la pluie et du vent, mais de la neige plus souvent ».

Après quelques nuits froides, un matin au réveil une mince pelure neigeuse argente les pentes. Toutes les vaches descendent pour manger en bordure des pacages où l’herbe pointe encore. La montagne commande ! Elle vient de lancer le signal de départ. La même semaine, chaque buron ferme sa porte, chaque vacherie descend vers sa vallée, dans un énorme bruit de fête. Aujourd’hui c’est le buron d’En-Floquet, demain ce seront les burons de Chavaspre, l’Orcet, le Blaux, Legal, En-Violent, la Voûte…tous les burons qui couronnent les Puys, tous ceux qui cernent les Plombs.

Précédant ces départs les fermiers les fermiers ont vidé les caves. Les chars ont emporté la précieuse cargaison de fourmes. Bâchées, entourées de paille, bien à plat sur un épais lit de fougère, elles ne craindront rien des cahots dans les chemins pierreux de la montagne….

Puis les buronniers ont trait à tâtons, dans la nuit sans étoiles, ils ont caillé le lait, fait la dernière tome. Au petit jour dans le buron désert, ils ont enlevé la lucarne et bouché le trou avec une planche. Ils ont empilés les claies dans l’étable à veaux. Au vacher l’honneur de pousser la porte, de tourner la clef. Maintenant le troupeau est là, impatient, rassemblé dans la fumade. Un rude cri sort des poitrines profondes, les bâtons se lèvent sur les croupes.

La vacherie de toute sa masse, se jette joyeusement dans la descente...

Extrait de « Les burons perdus » (1943)