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CEZALLIER
La saison d’estive sur la montagne de Vèze
La saison d’estive sur la montagne de Vèze

Le dernier batier à vivre l’Estive au buron de la Montagne de Vèze fut Marius Chazelon. De 1946 à 1971, avec sa femme, ils quittaient chaque année le hameau de Béteil pour exercer un métier qui n’était pas de tout repos. Un métier avec beaucoup de responsabilités et une réelle liberté d’initiative. A la fin de la saison le salaire forfaitaire était versé par la mairie de Vèze, propriétaire de la Montagne".

"La saison de l’Estive avait lieu à des dates immuables : du 15 mai au 9 octobre de chaque année. La Montagne communale de Vèze accueillait les vaches de tout âge : les « bourettes » (de plus d’un an), mais surtout les « bîmes » (de plus de deux ans) et quelques vaches adultes taries. Parfois s’y mêlait un taureau. Tous ces animaux étaient des « Salers » même si trois où quatre « Aubrac » se perdaient dans la masse des 200 à 300 bêtes du troupeau.Dans les années quarante, il n’y avait très peu de fils barbelés. Les limites de la Montagne étaient donc signalées par de grosses pierres, « les caïres » posées de loin en loin. Mais ces limites que nous devions respectées étaient toutefois approximatives.

Dès le 14 mai arrivaient à la Montagne d’abord les bêtes du village de Vèze, à pied comme il se doit. Les 15,16 et17 mai parvenaient les « étrangères » d’Aurillac, Mauriac, Maurs et même de l’Aveyron. Arrivées en train jusqu’à la gare d’Allanche elles finissaient le trajet à pied au son des clochettes et autres sonnailles.

Chaque propriétaire avait sa marque pour ses bêtes et le bâtier tenait bien à jour un carnet sur lequel il indiquait pour chacun le nom, la marque, le nombre de bêtes avec un descriptif sommaire complété par l’adresse du propriétaire.

Dès 7 heures du matin, les vaches partaient pour les « bordures » de la Montagne. Pour éviter le gaspillage de l’herbe, toute la matinée, le troupeau était ainsi maintenu le long des limites de la Montagne par deux bergers : un côté Montagne et l’autre côté bordures. Le troupeau se disposait alors en un long ruban surveillé sur les longs côtés.

A midi, les bêtes rentraient au parc jusqu’à 15 heures. Ce parc carré de cent claies, dont un côté de claies pleines, les redas, était déplacé tous les deux jours ce qui permettait la fumade. Après 15 heures, le troupeau allait paître presque en liberté surveillé par un seul berger qui évitait la dispersion des bêtes. Le matin et l’après-midi, le berger veillait à faire boire les bêtes dans les grands troncs de sapin creusés, les bachass, déposées près des sources. A la tombée de la nuit le troupeau regagnait le parc.

Le berger devait aussi veiller à l’état de santé des animaux, donner les premiers soins et prévenir les propriétaires s’il n’y avait pas d’amélioration, d’ou l’importance des marques.