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SAUVEGARDE DES BURONS

Un SOS face à la rareté des aides

A l’occasion de l’Assemblée Générale annuelle de l’Association de Sauvegarde des burons du Cantal, Marcel Besombes a exprimé dans l’hebdomadaire "L’Union" sa préoccupation face aux diminutions des aides à la restauration des burons. Extrait.

C. Fournier : Comment est venue l’idée de créer une association de sauvegarde des burons ?
Marcel Besombes : “Nous nous sommes aperçus que ce patrimoine était essentiel à l’économie du département. Mille burons étaient encore en fonctionnement après la seconde guerre mondiale et fabriquaient du fromage. Mais la conjugaison de plusieurs facteurs allait tout changer : l’accélération de l’exode rural, doublée de conditions de travail précaires pour les buronniers a engendré un manque de main-d’œuvre. À cela s’ajoutaient des fromages qui se vendaient mal, et un marché mal organisé.
Ainsi, en 1960, la disparition de ce système transhumant-fromager s’est considérablement accéléré . Les estives qui accueillaient jusqu’alors des laitières, commencèrent a accueillir des allaitantes et des génisses. Quant aux burons, faute de personnel et d’activité, ils firent face à un manque total d’entretien. Les propriétaires n’avaient pas plus de raison à les entretenir. Ce patrimoine devait être conservé, c’est pourquoi nous avons fondé l’association en 1984 pour aider les gens à le sauver, du moins en partie, voire trouver une autre utilisation à ce patrimoine.”

Laquelle ?
M.B. : “Aujourd’hui si quatre burons font encore du fromage dans le Cantal, il existe désormais des burons refuges de montagne, quelques burons qui assurent un hébergement ou de la restauration. Il existe aussi deux burons musées et des burons de résidence estivale rachetés par des passionnés des burons.”

À ce jour, combien de burons ont-ils été sauvés grâce à l’association ?
M.B. : “Le premier financeur a été le Crédit agricole. À travers sa fondation nationale, nous avons pu restaurer cinq burons peu après 1984. À ce jour, on estime que l’association a permis de restaurer ou de sauvegarder directement ou indirectement plus de 100 burons.”

Et ces dernières années ?
M.B. : “Treize projets ont abouti. Les co-financeurs étaient le Feader et le Conseil général du Cantal pour un total d’aides publiques de 148 726 euros qui ont permis de réaliser ces opérations.”

Aujourd’hui, estimez-vous être sur la bonne voie ?
M.B. : “C’est au contraire un SOS que je lance. Au cours des années passées, de nombreux burons ont été sauvegardés grâce aux aides publiques, mais aujourd’hui nous constatons que les financeurs ne répondent plus. Seule la Fondation du patrimoine permet, sous certaines conditions, des avantages fiscaux. Quant aux crédits européens ils ne sont éventuellement attribués que si localement il y a une contrepartie. Or, le Conseil général n’a pas retenu les burons dans ses priorités financières relatives au patrimoine…”

Le futur s’annonce difficile ?
M.B. : “Quelques propriétaires de burons font les travaux sans avoir recours aux aides, mais le plus grand nombre attendent cette contribution pour se décider à investir sur un patrimoine qui ne présente plus d’intérêt économique ou rarement. Financements ou pas, j’ai toujours sensibilisé les propriétaires à l’intérêt de conserver ce patrimoine dont la mémoire est inscrite dans notre agriculture et nos paysages. Nous ne désespérons pas de trouver des solutions mais, pour l’instant, l’horizon est bouché.”

Propos recueillis par C. Fournier (01/08/2012)

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