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TOITURE DES BURONS DU CANTAL
Au 19ème siècle, l’ardoise s’impose sur les estives
Au 19ème siècle, l’ardoise s’impose sur les estives

Pays traditionnel de la lauze après avoir connu le chaume, le Cantal va adopter l’ardoise progressivement au 19ème siècle. Cette transformation radicale des couvertures est due à la fois à l’arrivée massive de couvreurs de la Corrèze voisine fuyant la crise économique et le développement du chemin de fer. Ainsi, la quasi totalité des burons de la fin du 19ème et du 20ème siècle sont couverts en ardoise.

Aujourd’hui l’ardoise est très présente sur les toits cantaliens dans les villages et sur les bâtiments d’estive du XXème siècle. Les différents gisements ardoisiers, les changements de lumière, la patine, les lichens apportent à ces toitures en ardoise des nuances au gris bleuté d’origine. C’est ce qui confère au paysage d’estive et aux villages un charme particulier.

Du sous-sol aux toitures : la belle bleue : L’ardoise est une roche très résistante formée il y a 500 à 200 millions d’années à partir de l’érosion de reliefs tombés dans la mer et travaillés de la même façon que les autres schistes, par la pression et la température. Cette roche feuilletée, homogène est de teinte bleu-noir due à une matière charbonneuse. Elle provient de la transformation d’une boue argileuse et micacée, souvent suivie d’un début de métamorphisme lui conférant une surface satinée. Une schistosité régulière se traduit par un débit aisé en plaques millimétriques. Elle avait donc tout pour se retrouver sur le toit des maisons.

L’ardoise de Corrèze s’impose dans le Cantal : Au milieu du 19ème siècle, des couvreurs et carriers arrivent avec leurs familles originaires de Travassac (hameau de la commune de Donzenac et Allansac. Ils s’installent dans le nord Cantal (Murat, Allanche, Marcenat, Vèze, Molèdes…). Après avoir travaillé la lauze de schiste, ils vont développer leur savoir faire acquis en Corrèze en faisant venir de leur département d’origine un matériau qu’ils connaissent bien : l’ardoise.

Un nouveau mode de transport : Le développement du chemin dans le Cantal qui s’est caractérisé par trois lignes formant un triangle dans lequel se trouve le Cézallier et ses marges va énormément contribuer à l’arrivée de l’ardoise corrézienne, facilité par quelques gares d’importance : Murat, Neussargue, Allanche, Massiac, Blesle.

Provenance de l’ardoise : L’ardoise en écaille ou en ogive que nous trouvons sur les vieux toits en zone d’altitude à partir de 500 mètres provient des carrières d’Allansac et de Trevassac en Corrèze deux sites à quelques kilomètres de Brive-la-Gaillarde, des gisements exploités depuis le 17ème siècle.

Sa taille est petite, ses qualités esthétiques et techniques excellentes. . Autrefois celle taillée en arrondie sur le coté provenait plutôt de Travassac, celle en pointe d’Allassac Ici et là, surtout dans les grandes villes à basse altitude, on peut remarquer des toits en ardoises carrées d’Anjou ou de Corrèze, diffusées surtout depuis la moitié du 20ème siècle.

 Un gisement et des métiers : Les carrières d’ardoise corrézienne étaient à ciel ouvert ou en galerie (Travassac). Les blocs extraits étaient de dimensions variés, en moyenne un mètre cube, soit trois tonnes. Travassac fournissait des matériaux au fil très marqué dans le sens de l’ardoise. Allassac produisait une ardoise avec un fil en biais.

Types d’ardoises : La forme et le mode de pose de l’ardoise en ogive ou écaille s’inspirent très largement de ceux de la lauze de schiste, courante dans le Cantal. D’abord fixée à la cheville bois puis au clou forgé elle a en fait progressivement remplacée les anciennes couvertures en lauze.

Ardoises de rive : Les rives latérales sur ardoise en ogive de toit sont fragiles, ont plaçait des ardoises plus larges posées pour éloigner l’eau. Ces pièces de rives appelées moraines étaient cloutées généreusement  ; Les ardoises de rive sont toujours plus grandes et rectangulaire. Le faîtage d’une toiture en ardoise et les arêtes traitées avec des tuiles creuses scélées mais le plus souvent avec du zinc toujours visibles sur de nombreux burons..

Durée de vie : 70 ans à 300 en fonction de la qualité du gisement, le type d’extraction, l’épaisseur, le type de pose (clou ou crochet), le pureau (partie visible de l’ardoise), l’entretien

Couleur : gris foncé, allant du gris neutre au gris bleuté.

La découpe : les blocs sont découpés en blocs en respectant le bon sens qui correspond à la direction selon laquelle la roche à plissée. Cel donne le sens de la longueur de la future ardoise.

Le fendage  : il consiste à diviser les blocs dans l’épaisseur en désolidarisant les feuillets de la roche à l’aide d’un marteau et d’un burin, c’est le rebillage.

La taille : consiste à donner à l’ardoise sa forme définitive. Avec un taillant, le cliveur tranforme les morceaux de schiste en feuille d’ardoise et leur donne la forme ronde, ogivale ou carrée. Il la perce pour pouvoir la fixer sur un toit. Cette découpe finale était autrefois faite toujours faite à la main, exigeant une grande précision, une longue expérience et un œil précis.

Clous : Selon la pose au clou ou au crochet, la zone mouillée est différente. Les clous devaient impérativement être situés hors de la zone mouillée. La pose à l’ancienne se faisait au clou. L’ardoise posée au clou est sur support de volige elles sont plus serrées que celles posées au crochet. Elle ne peut donc bouger. Mais si c’est la volige qui bouge, l’ardoise peut casser.

Crochets : A la fin du 19ème siècle est apparue la pose au crochet Ce mode de fixation des ardoises est apparu dans la seconde moitié du 19ème siècle. Ils sont faits de fils de fer galvanisé cuivre ou acier inoxydable. D’une façon générale, le crochet est à point ou à ressort. En pointe il s’enfonce dans la volige en bois, à ressort il s’accroche sur les liteaux.

L’ardoise posé aux crochets bénéficie d’une certaine liberté mais dans le cas de vent violent, elle peut être détruite. Dans la plupart des burons ont été utilisés les clous.