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TOITURE DES BURONS DU CANTAL
La lauze, pour une couverture incorruptible
La lauze, pour une couverture incorruptible

Couvrir un bâtiment d’habitation ou utilitaire résultait des conditions climatiques et des ressources en matériaux. En Auvergne, la pierre de lave ne manquait pas. On l’utilisera donc abondamment notamment pour les burons. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, les toits recouverts en lauzes font partie intégrante du patrimoine architectural et des paysages d’estive du Cantal.

Les plus anciennes toitures des burons montrent à quel point les anciens maîtrisaient l’art de la construction. Ils avaient une extraordinaire habileté, n’hésitant pas à utiliser des lauzes de grandes dimensions donnant l’impression au final d’avoir été moulées les unes dans les autres. L’harmonie de l’agencement donnait à la fois l’efficacité et la beauté aux toitures des burons.

Un matériau pour défier le temps : Sous le terme général de lauze sont regroupées différent types de pierres : le schiste, le phonolite, le gneiss, le grès.

La lauze est une dalle obtenue par délitage de la roche volcanique disposée selon un recouvrement décroissant vers le faîtage. Les carrières d’extraction affleuraient le sol. Très nombreuses dans le Cantal elles se situaient à proximité des villages pour éviter les longs et lourds transports en charrette. Son emploi ne parait pas toutefois antérieur au 18ème siècle.

La lauze était accrochée à la volige appelée douelle dans le Cantal par des chevilles ou directement sur les reins de voûtes maçonnées particulièrement sur les fours à pain, les burons et les porcheries.

Taillée pour une intégration parfaite :La lauze de schiste, la plus employée dans le nord Cantal, taillée en écaille ou en ogive, mesure généralement de 15 à 60 cm et se distingue facilement sur les toitures par son irrégularité et son épaisseur. La lauze rectangulaire d’un côté et arrondie de l’autre servait pour les rives et les noues. Le recouvrement était d’au moins 12 cm. Inusable et donc récupérable, elle avait pour avantage d’offrir une grande résistance aux intempéries, aux incendies et une grande longévité.

L’habileté du couvreur mise à l’épreuve : La largeur et l’épaisseur des lauzes sont irrégulières. Le couvreur devait les choisir une à une pour qu’elles se moulent bien les unes dans les autres, en même temps que les joints se croisent correctement. Un vrai savoir-faire mis à l’épreuve pour chaque toit.

La technique du chevillage des lauzes : Une toiture en lauze nécessitait une charpente à toute épreuve pour supporter 10 à 200 kg au mètre carré, soit plus de 20 tonnes de matériaux pour une seule toiture.. La volige de 30mm d’épaisseur était clouée sur des chevrons.

La fixation se faisait autrefois par des chevilles en bois. Les clous que forgeaient eux-mêmes les couvreurs les ont parfois remplacés réduisant du même coup la durée de l’ouvrage.

La cheville de bois, un rôle essentiel : La fixation des lauzes sur la douelle de schiste et de phonolite était assurée par un système d’assemblage impressionnant dont on mesure toute l’ampleur en observant la charpente de l’intérieur car le chevillage dépasse légèrement sous la douelle.

La cheville pour lauze est tronconique, polygonale, refendue dans du chêne, du châtaignier ou encore du frêne. Sur le toit elle est arasée à la scie. Pour permettre son recouvrement par les lauzes du rang supérieur. Elle passait dans la lauze soit par un trou, soit le plus souvent par une encoche latérale de chaque côté, notamment pour la phonolite. Elles étaient enfoncées « à la force ».

La lauze de schiste : Le schiste utilisé pour les lauzes a toujours été impropre à faire de l’ardoise car il se débit en plaques irrégulières en surface, en épaisseur, en formes et en dimensions. Ce type de lauze est souvent la norme dans le Cantal, notamment sur les tours, tourelles, flèches seigneuriales et les absides d’églises, toitures à deux ou quatre pans, dôme également.

La lauze de phonolite : C’est une roche magmatique volcanique à structure microlithique fluidale. De couleur grise à verdâtre, elle est composée de feldspah, de feldspathoïde et d’une pâte de verre peu abondante. La phonolite se débite toujours en dalle. Taillée et triée

Cette roche se caractérise par un son clair quand on frappe une dalle. C’est cette propriété qui a donné son nom à la roche.